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Séjour à Berlin

Par VALERIE GAMMAL, publié le mardi 10 mars 2020 16:38 - Mis à jour le lundi 23 mars 2020 13:44
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Cette année, le Collège André Marie a proposé aux élèves de 4ème et 3ème de participer au séjour linguistique à Berlin, capitale de l’Allemagne qui commémore cette année les 30 ans de sa réunification. Ils étaient encadrés par Mme Colin et M. Fory, professeurs d’anglais, Mme Guyomard, professeur de SVT au Collège Les Hauts du Saffimbec de Pavilly, Mme Querré, AESH – tous réunis autour du projet porté par Mme Gammal Berlin ville d’art et d’histoire.

Dimanche 9 février, 16h45, il y a exceptionnellement affluence devant le collège : les élèves germanistes se pressent pour monter dans le car qui prend tout d’abord la route de Pavilly pour aller chercher le reste du groupe qui les attend avec impatience en pleine tempête.

Une fois les 48 élèves installés et les présentations effectuées, c’est dans une bonne humeur générale que commence le trajet qui durera... 18 heures ! Intempéries, travaux, embouteillages, rien ne nous aura été épargné !

Lundi 10 février : Il est 10 h45 quand le car nous dépose à la Fernsehturm. Cette tour de télévision, construite entre 1965 et 1969, est le plus haut monument de Berlin et offre une vue exceptionnelle sur les lieux emblématiques de la ville comme la porte de Brandebourg, le Reichstag, l’île aux musées ou l’avenue Unter den Linden que nous arpenterons maintes et maintes fois durant notre séjour.

 

 

 

 

 

   

 

Après la visite, pause déjeuner bien méritée : les élèves ont eu quartier libre sur l’Alexanderplatz afin de se familiariser avec leur nouvel environnement, tant linguistique que culinaire, et ont commencé à compléter leur cahier de voyage avant de prendre le chemin du musée de l’espionnage.

Les élèves ont tout de suite trouvé leurs marques dans ce musée qui retrace de manière ludique et concrète l’histoire de l’espionnage depuis l’Empire Romain et l’époque napoléonienne, en passant par les deux Guerres Mondiales jusqu’à nos jours. On peut y voir des objets aussi insolites qu’un parapluie bulgare (à la pointe empoisonnée), des appareils photos ou des pistolets à gaz miniaturisés, observer un mur de poisons plus sophistiqués les uns que les autres, s’essayer au morse, au camouflage comme à la recherche de micros cachés, ou bien encore faire preuve d’agilité et de souplesse dans le parcours laser. Rire et intérêt étaient bien au rendez-vous !

 

 

 

 

 

 

 

En sortant du musée, la nuit tombait déjà, offrant une autre ambiance et une atmosphère particulière pour un petit moment de shopping avant de rejoindre le car et faire connaissance des familles hôtesses.

 

     

 

Mardi 11 février : Après une courte nuit néanmoins réparatrice, nous nous retrouvons pour une journée de visites consacrées à deux parts sombres de l’histoire allemande : le musée juif le matin et l’ancienne prison de la Stasi devenue mémorial l’après-midi.

Le musée juif, ouvert en 2001, est un bâtiment en zigzag ultra moderne à l’architecture audacieuse qui invite le visiteur à la réflexion autour des 3 axes en sous-sol qui s’entrecroisent :

- l’axe de l’exil qui débouche sur le Jardin de l’exil, le seul espace extérieur du musée, ceint de hauts murs et constitué de 49 piliers plantés d’oliviers et dont le sol en pente et pavé de galets déstabilise autant qu’il désoriente le visiteur – plus apte à ressentir ainsi ce qu’éprouvaient les familles juives déracinées.

 - L’axe de l’holocauste  qui mène à la Tour de l'Holocauste, une oppressante tour de béton brut ouverte en son sommet par une entaille d’où provient un faible rai de lumière extérieure. Cet axe évoque la déportation et la mort.

- L’axe de la continuité, l’axe le plus long du musée, symbolise la vie par la continuité de la présence juive en Allemagne.

Notre visite s’achève par l’installation ShalechetFeuilles mortes fraîchement tombées.

Cette installation très impressionnante que l’on doit à l’artiste israélien Menashe Kadishman est composée de 10 000 visages de tailles différentes découpés dans des disques d’acier et amoncelés sur le sol. Ils rappellent, par leur expression d’effroi, douloureuse et figée, non seulement les Juifs assassinés lors la Shoah mais rendent aussi hommage à toutes les victimes de la guerre ou de la violence. Ceux qui le souhaitaient ont pu marcher sur ces visages et écouter les sons produits par les disques de métal qui s’entrechoquent – redonnant ainsi de la voix, de la vie à ceux qui en ont été privés.

 

 

La visite de l’ancienne prison de la Stasi a été tout aussi instructive : après le déjeuner, les élèves répartis en 2 groupes dont un guidé par un ancien détenu, ont découvert ce qui fut, en pleine Guerre Froide, le principal centre de détention provisoire pour les citoyens faisant l’objet d’une enquête par la Stasi (Staatssicherheit), la police secrète de RDA. En déambulant dans les anciennes cellules, volontairement exigües, sombres et insalubres, les élèves ont compris les conditions de détention extrêmes qui, liées à des interrogatoires physiquement et psychiquement violents, n’avaient d’autre objectif que d’obtenir les aveux de détenus n’ayant souvent commis aucun délit.

  

 

 

Mercredi 12 février : Escapade à Potsdam pour visiter le palais Sans souci, bâti entre 1745 et 1747 par l'architecte Georg Wenzeslaus von Konbelsdorff dans un style issu du rococo. Il s’agit de l'ancienne résidence d'été du roi de Prusse Frédéric II (dit Frédéric le grand) souhaitait pouvoir se détendre avec ses amis loin des solennités de la Cour de Berlin. Il y reçut notamment Voltaire et la conversation s’y faisait uniquement en français - d’où son nom.  

 

 

Les jardins voulus par Frédéric II sont également novateurs : ils sont composés de trois larges terrasses qui optimisent l'apport du soleil afin que le coteau sur lequel ils se trouvent soit propice à la culture de la vigne. Des plants y seront installés et des figuiers mis en terre dans les 168 niches protégées de parois vitrées pour bénéficier d'un effet de serre.

           Le développement durable avant l’heure !  

 

En début d’après-midi, retour à Berlin pour se familiariser avec le Street Art.  La visite guidée a fait observer aux élèves  différents graffitis : ils vont de la simple signature à la fresque murale en passant par des pochoirs et des collages, utilisés pour gagner du temps lors de la mise en œuvre et faire baisser l’amende à laquelle leurs auteurs s’exposent ! À l’origine, ces graffitis ont en commun l’illégalité, l’affirmation de la liberté d’expression et la créativité de leurs auteurs, dont certains jouissent d’une véritable notoriété comme le pionnier américain Corn Bread ou l’activiste graffeur britannique Banksy qui aurait lui aussi laissé son empreinte à Berlin.

            

    

 

Après l’observation et la théorie, place à la pratique. Nous avons rejoint un atelier à Lichtenberg où les élèves ont pu réaliser chacun un graff. Une fois le dessin choisi, il a fallu créer le pochoir en évidant minutieusement les ombres et apprendre à manier les bombes de peintures pour créer des fonds, des motifs ou des reliefs et combiner les couleurs pour accentuer contraste ou perspective. Tous ont pris beaucoup de plaisir dans cette activité. Leurs travaux seront prochainement exposés au collège.

  

 

 

Jeudi 13 février : Qu’aurait été la découverte du Street Art sans passer par la plus grande galerie d’art à ciel ouvert du monde ? Nous avons donc commencé notre dernière journée à Berlin par  l’East Side Gallery, un vestige long d’1,3 km du mur qui coupait la ville en deux et qui offrait par sa simple présence un support de choix. En 1990, 118 artistes de 21 pays y ont créé à la bombe et au pinceau plus d’une centaine d’œuvres. Parmi les plus célèbres, on peut trouver le Bruderkuss, « Baiser de l’amitié » entre Erich Honecker et Léonid Brejnev ainsi que l’œuvre Test the rest représentant une Trabant, la mythique voiture de RDA, défonçant le mur. Toutes les œuvres sont porteuses d’espoir et de paix et font directement ou indirectement référence au mur de Berlin et à sa chute. 

 

 

               

 

 

 

 

Le rallye initialement prévu n’a pu être effectué, faute de temps. Nous avons néanmoins tenu à emmener les élèves au Check point Charlie, emblématique point de passage entre Berlin Est et Berlin Ouest où nous avons déjeuné avant de nous rendre au musée de la RDA.

 

 

   

 

 

 

 

DDR Museum : Ce musée unique en son genre est l’un des musées les plus visités de Berlin. Il présente, de façon tangible et ludique, la vie quotidienne et la culture populaire dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Les élèves se sont tout de suite approprié les lieux : le simulateur de conduite dans une authentique Trabant a connu un grand succès, tout comme la reconstitution d’un logement qui permettait de découvrir tous les produits, marques et objets du quotidien devenus délicieusement vintage !

  

  

 

À notre sortie, quelle n’a pas été notre surprise de voir qu’il était possible de faire LA promenade en bateau sur la Spree – initialement prévue au programme et tardivement annulée.

  

 

Devant leurs mines dépitées, nous avons proposé aux élèves qui le souhaitaient de monter à bord pour voir Berlin autrement. La moitié du groupe a embarqué tandis que l’autre moitié a pris la direction du Reichstag et de l’Holocaust Mahnmahl avec Mme Colin et M. Fory.

 

 

 

 

Tous ont apprécié leur escapade de dernière minute et le groupe s’est rejoint sur l’Alexanderplatz pour une dernière pause shopping avant de reprendre le car pour la France.

 

 

Ce voyage, aux multiples rebondissements, a été pour tous les élèves et accompagnateurs une réelle source d’enrichissement personnel : il aura permis aux élèves de se montrer autonomes dans la famille hôtesse, dont ils nous donnaient régulièrement de bons échos, et de vivre l’Allemagne au quotidien en apprenant à reconnaître et à accepter les différences de l’autre. Sur le plan scolaire et linguistique, les élèves ont bien compris qu’il ne s’agissait pas d’un voyage d’agrément mais bien d’un enrichissement pédagogique : ils remplissaient d’eux-mêmes très régulièrement leur cahier de voyage et ne manquaient pas une occasion de prendre les notes ou les photos dont ils auront besoin au retour pour réaliser, en groupes, le diaporama thématique dont ils ont la charge. Immergés dans la langue, ils ont travaillé sans s’en apercevoir la compréhension de l’oral ainsi que l’expression dialoguée et ont ainsi dû vaincre leurs appréhensions pour s’exprimer en langue étrangère et se faire comprendre. Nous aurons plaisir à vous faire partager ces souvenirs au cours d’une soirée où leurs travaux seront exposés et présentés.

Bravo et merci à tous pour votre intérêt et votre curiosité !